Dans une ère où les informations circulent à une vitesse fulgurante sur les réseaux sociaux, l’outil de surveillance et d’analyse de la désinformation CrowdTangle a joué un rôle crucial dans la lutte contre la propagation de fausses informations. Développé par Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, cet outil a permis aux chercheurs, journalistes et responsables électoraux de suivre en temps réel la diffusion de théories du complot, d’incitations à la violence, et de campagnes de manipulation. Cependant, dans un mouvement surprenant et controversé, Meta a annoncé que CrowdTangle sera retiré du service après le 14 août, juste avant les élections américaines, suscitant des inquiétudes majeures quant à la transparence et l’intégrité des informations sur les réseaux sociaux.
Meta supprime l’outil CrowdTangle charge de lutter contre la désinformation
CrowdTangle a été largement salué pour son efficacité à déceler et analyser la désinformation. Depuis son acquisition par Meta en 2016, l’outil a joué un rôle clé dans des moments cruciaux, notamment lors des élections de 2019 en Louisiane et du scrutin présidentiel de 2020 aux États-Unis. Il a permis d’identifier rapidement les fausses informations et de combattre l’ingérence et la suppression des électeurs, offrant même au public des tableaux de bord pour suivre les publications des principaux candidats.
La décision de Meta de mettre fin à CrowdTangle soulève des questions importantes sur l’engagement des plateformes numériques envers la transparence. Cette action est perçue par beaucoup comme un pas en arrière, surtout dans un contexte où près de la moitié de la population mondiale est appelée aux urnes cette année. La suppression de l’accès à un tel outil limite la surveillance indépendante de la désinformation, ce qui est particulièrement préoccupant en période électorale, une période propice à la diffusion de fausses informations nuisibles au processus démocratique.
Un futur incertain pour la lutte contre la désinformation
En remplacement de CrowdTangle, Meta propose une nouvelle bibliothèque de contenus, une initiative accueillie avec scepticisme par la communauté des chercheurs. L’ancien directeur général de CrowdTangle, Brandon Silverman, et d’autres experts expriment des réserves quant à la capacité de ce nouvel outil à offrir le même niveau de transparence et de fonctionnalités. Bien que Meta insiste sur le fait que la bibliothèque de contenus offrira “des données plus complètes”, la fondation Mozilla, parmi d’autres, a publiquement demandé le maintien de CrowdTangle jusqu’en janvier 2025, mettant en évidence les lacunes potentielles du nouvel outil en matière de transparence et soulignant les risques pour l’intégrité des élections.
Le porte-parole de Meta, Andy Stone, réfute ces préoccupations, affirmant que la nouvelle bibliothèque sera avantageuse pour les universitaires et les organisations électorales à but non lucratif. Cependant, cette décision exclut les médias à but lucratif, qui ont historiquement utilisé CrowdTangle pour enquêter sur des crises de santé publique, des violations des droits humains, et d’autres sujets sensibles.
La suppression de CrowdTangle par Meta soulève une alarme quant à la responsabilité des plateformes sociales dans la modération de leur contenu et la lutte contre la désinformation. Elle pose la question cruciale de savoir si les géants du numérique sont vraiment prêts à privilégier la transparence et l’intégrité des informations, surtout dans le contexte tendu et polarisé des cycles électoraux. Avec la fin de CrowdTangle, les chercheurs, les journalistes et les responsables électoraux devront peut-être chercher des alternatives coûteuses ou s’adapter à des outils moins efficaces, à un moment où la clarté et la véracité des informations n’ont jamais été aussi cruciales.
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